
Qui l’aurait cru ? Le président de la république D’Haiti , pays membre de la Caricom, est assassiné dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021.
Peu de temps après l’assassinat du président Jovenel Moïse, les premiers éléments de l’enquête révèlent la participation de mercenaires colombiens.
Aussitôt dans la journée du 7 juillet, la police haïtienne procède à l’arrestation de plusieurs colombiens, et parmi eux, dès haitiano-américains.
Dans la même veine, les autorités haïtiennes affirment que d’autres mercenaires colombiens ayant pris parts à l’assassinat du chef de l’Etat sont en fuites.
Ainsi , des mandats internationaux ont été émis à l’encontre des présumés coupables.
Il y’a tout juste un moi, quand des responsables du gouvernement haïtien informent la population concernant l’arrestation à la Jamaïque, d’un des plus importants suspects dans l’assassinat de Jovenel Moïse.
Un certain Palacios, mercenaire colombien.
Le ministère haïtien des affaires étrangères, toujours en première ligne quand il s’agit de l’affaire Moise, s’était empressé d’acclamer victoire.
Le ministre haïtien des affaires étrangères dit avoir effectué des déplacements à l’extérieur pour rencontrer des autorités jamaïcaines en vue d’obtenir, avait-il déclaré, l’extradition de monsieur Palacios.
Il dit également avoir formulé une demande officielle d’extradition vers Haïti auprès des autorités jamaïcaines.
Enfin ! tout un balai médiatiques.
Mais voilà que, au moment où l’on s’attendait à une éventuelle extradition de Palacios vers Haïti, un journal jamaïcain affirme que la Jamaïque se prépare à extrader Palacios en Colombie, son pays natal.
Un gifle pour Haïti !
Il faut dire que la Jamaïque et la République d’Haiti sont deux pays membres de la Communauté des pays de la Caraïbe,( CARICOM).
Au cours de sa présidence, monsieur Jovenel Moïse a présidé en Haïti, la 29e réunion annuelle de cette organisation régionale.
Il semblerait également, avant son assassinat comme président, que Jovenel Moïse avait participé à toutes les sessions de la Caricom.
D’un autre côté, au plus fort de la crise politique sous l’administration du feu président, la CARICOM avait proposé ses bons offices dans la recherche de solution.
Alors, qu’est-ce qui pourrait expliquer cette déconvenue vis -a-vis des autorités haïtiennes ?
Le ministère haïtien des affaires étrangères a -t-il omis de respecter les procédures en matière de demande d’extradition ?
Pourquoi la Jamaïque a -t’elle décidé de faire droit à la demande de la Colombie au détriment de la partie haïtienne ?
La Caricom, n’est-elle pas préoccupée du fait de l’assassinat d’un président au sein même de l’espace caraïbeen ?
Que fait-on de cette convention des nations unies de 1973 dont l’application est effective en 1977 ?
La convention de 1973 porte en effet sur des questions de prévention, de répression mais surtout, des infractions commises sur des personnalités jouissant de protection internationale. Entre autres considérations, c’est la protection qui requiert pour un président de la république.
En vertu de quelle logique juridique, la Colombie s’est-elle référé pour demander l’extradition sur son sol, d’un présumé coupable dans l’assassinat du président d’un pays étranger ?
Lors même que Palacios soit de nationalité colombienne.
Quel regard porte la communauté des nations dans le dossier de l’assassinat du feu président Jovenel Moïse ?
On est en droit de s’interroger.
Certes, la Colombie est un pays situé au nord -Oeust de l’Amérique du Sud. La Colombie et la Jamaïque entretiennent des relations diplomatiques. Les deux pays conviennent entre eux , des accords bilatéraux notamment, le traité Sanin-Robertson de 1993 concernant les frontières. Toutefois, la Colombie ne fait pas partie de la Caricom. Elle n’est pas non plus membre de la Caricom .
Nonobstant quelques frictions diplomatiques, Haïti et la Jamaïque entretiennent des rapports. Pour rappel, la République d’Haiti a déjà extradé vers la Jamaïque, un ressortissant du commonwealth dans les années 1880. Quoi qu’il n’existe entre les deux pays, aucun traité d’extradition.
Dans le meilleur des mondes, Haïti et la Jamaïque devraient être les piliers de la communauté des pays de la caraïbe.
Bien que l’histoire linguistique des deux pays soit différente.
En effet, Haïti est la première république noire indépendante du monde en 1804. Elle a été une colonie française. Il a fallu attendre jusqu’en 1962 pour que la Jamaïque soit indépendante. Ce pays d’environ 4 millions d’habitants a été une colonie de l’empire britannique.
À elle seule, la population haïtienne dépasse le nombre des populations vivants à travers les 14 autres pays membres de la Caricom.
Bref, en réalité, et sans fausse modestie, si nos gouvernants avaient pris au sérieux la destinée du pays, Haïti devait être à la fois, le moteur politique et économique de la caricom.
Force est malheureusement de constater que nous sommes devenus la risée du monde.
Il est navrant de constater le mépris de la Jamaïque envers Haïti.
Nous ne sommes pas respectés.
Preuve, s’il en était besoin, que ce ne sont pas des articles de presse élogieux qui déterminent le poids d’une diplomatie !
Il ne sert à rien de trouver des boucs émissaires. C’est à nous de guérir nos handicaps !
ABEL DESCOLLINES