
Par Abel Descollines
Il aura fallu le cri d’alarme de la clientèle pour que l’on sache désormais que la compagnie digicel assume son autoritarisme exacerbé au niveau du marché de communication de la téléphonie mobile en Haïti.
Alors que l’on s’attendait à de l’embarras suite à la diffusion sur les réseaux sociaux d’un message voice au sujet de la facturation à plus de 16 gourdes la minute d’appel de la digicel, sans concession, les nouveaux maîtres de la république bananière exultent : « S’ils ne veulent pas être clients de la digicel, ils ont le choix de choisir un concurrent. On est une entreprise privée. On n’impose rien. On suggère cette augmentation de prix, le consommateur a le droit de le prendre ou d’aller regarder ailleurs s’ils trouvent mieux. »
C’est en substance, la réaction de monsieur Marteen Boute, PDG de la digicel.
Mais quel parfum de liberté, nous propose ce Marteen Boute ? « On suggère, a-t- il dit, cette augmentation de prix, le consommateur a le droit de le prendre ou d’aller ailleurs…
Apparemment, dans le jargon
commercial de monsieur Marteen Boute, lorsque sa compagnie décide de prélever plus de 16 gourdes la minute de communication, il est encore dans la suggestion.
Qui sait, il pourra éventuellement revoir à la hausse le prix de l’appel par minute sans que personne ne le sache.
A entendre Marteen Boute, il semblerait pour la digicel, c’est avant tout l’augmentation qui précède la communication et non l’inverse.
Et comme un puissant qui semble n’a de compte à rendre à personne, monsieur Marteen Boute décide qu’il n’existe à ses yeux, que la loi du marché. Une loi qu’il exécute à ses dépendants comme bon lui semble.
Il n’en avoir cure de la loi haïtienne.
Probablement, à ce rythme là, la prochaine fois, on dira au consommateur haïtien : « Dieu vous a créé pour être esclave ».
Et si vous n’êtes pas d’accord, aller regarder ailleurs !
Maintenant, il est à se demander, si un esclave avait le droit de décider.
Évidemment, ce dont il est capable, c’est la révolte !
S’agissant de la loi du marché, il serait interessant de savoir si celle pratiquée sur le dos du consommateur haïtien est la même aux Etats-Unis où ailleurs.
À priori, la réponse est non. Aux États -Unis comme ailleurs dans le monde, la loi du marché n’est pas une carte blanche à l’étranglement du consommateur.
D’ailleurs, même dans des pays où le système capitaliste est d’une suprématie incontestable, l’Etat veille à la survie du consommateur.
Il faut dire, avant la sortie affreuse du PDG de la digicel, un autre cadre de la compagnie s’était illustré.
Tout en assumant sans gêne le prélèvement de 16 gourdes la minute d’appel, ce dernier a laissé entendre que la digicel avait offert plusieurs options en terme de plan à la clientèle afin, dit-il , d’éviter aux abonnés le coût de 16 gourdes d’appel la minute.
En effet, cette explication n’est autre que du cynisme mais surtout, d’un grand mépris vis -à-vis d’une très forte majorité de sa clientèle.
Les récits historiques rapportent une des paroles célèbres du père fondateur de la patrie , Jean Jacques Dessalines : « Et Les noirs dont les Pères sont en Afrique, n’auront ils rien ».
C’est , en effet, une façon de demander aux puissants dirigeants de la digicel, que font-ils des millions de paysans dans les campagnes haïtiennes qui utilisent le réseau de la compagnie ?
Yon Peyizan ayisyen ki pa konn li , ki pa konn ekri.
Li pa konnen zafè plan digicel ap pale.
Peyizan se 100 goud kat li mete sou telefòn li pou l pale.
Peyizan ki pa konn li ni ekri se yon bon pwochen li mande konpoze nimewo telefòn pou li lè l vle rele yon lòt moun.
Si Peyizan paka konpoze yon nimewo telefòn ki lè pou l ta konnen kijan pou fè plan minit ?
La compagnie Digicel peut-elle ignoré cette triste réalité haïtienne ? Certainement pas !
Nonobstant, les options proposées à la clientèle , la compagnie Digicel a choisi son plan. Celui d’imposer au consommateur haïtien plus de 16 gourdes la minute d’appel.
Que dit le gouvernement face à l’assaut des commerçants contre les consommateurs haïtiens ?
Prete n yon telefòn pou n pale ak gouvènman. Si genyen !
Fin !